Sang et Or
Roman Jeunesse – Collection Signe de Piste
Henri BOURGENAY
Parutions :
Ed. ALSATIA – 1954 – Coll. SIGNE DE PISTE – n° 68
(première édition)
Coll. NSDP – Nouveau Signe de Piste – n°141
Ed. DELAHAYE – 2005 – Coll. S2P – n°8
Résumé
Les »Maquisards du roi », ainsi pourrait s’appeler ce roman palpitant dans lequel sept jeunes chouans sont entraînés dans la plus fantastique des aventures. Engagés volontaires dans les troupes vendéennes insurgées contre les »Bleus » républicains, ils forment bientôt, par leur audace et leur bravoure, un groupe à cheval que l’on craint dans les batailles, les embuscades, les combats …
Sortiront-ils indemnes de ces combats, nul ne le sait. Mais s’ils en réchappent, Etienne, le jeune chef de cette bande – Jean-Marie, son ami – Philippe, son cousin, ancien page à Versailles – Yves et Florent, les deux jeunes paysans – Gilles, le garçon fier et hardi, et Louis, le benjamin discret et efficace, en seront plus forts d’une amitié neuve et solide, forgée à travers les dangers traversés.
Fiche de Lecture
Si le SDP est connu pour ses romans scouts, qui en représentent l’âge d’or et l’achèvement, il accueillit également un nombre très important de romans historiques. Et Sang et or (quel beau titre !) figure probablement parmi les plus beaux, mais aussi les plus controversés…
Très habilement, l’auteur fait figurer une préface de Louis Chaigne (auteur chez Alsatia en 1943 et 1944 de très sages et très pontifiants « Livres de raison de la Jeunesse de France” mais aussi de critiques littéraires et d’ouvrages sur la Vendée) qui dresse un tableau des défauts présents dans la plupart des ouvrages publiés sur les guerres vendéennes, et Henry Bourgenay reçoit bien évidemment un satisfecit pour la mesure et la qualité de sa production.
Certes…mais dans une collection jeunesse, lire dès la page 13: « Mais moi je te connais : tu as trempé tes mains dans le sang innocent. Tu as outragé la dépouille de ton Roi. Je me suis juré de te faire expier et d’empêcher d’autres crimes. Je vais te tuer”. Et bing, le héros met ses menaces à exécutions et dessoude l’infâme traître…
Le meurtre à toujours fait partie de l’arsenal de procédés de la littérature jeunesse (il suffit de lire Jean de la Hire et ses massacres permanents d’autochtones et autres sauvages malintentionnés dès 1913…) et reste imaginaire : là, dans ce cas, il s’inscrit dans l’Histoire. Et surtout dans une histoire ressassée par les mouvements monarchistes depuis deux siècles, l’éternel procès des colonnes infernales et des victimes de la jeune République, et la geste idéalisée de Charette et de ses compagnons, qui ne faisaient pas non plus dans le détail question homicide…
Il n’est pas étonnant de retrouver cette vieille lune royaliste en 1954 dans un Signe de Piste, car si Maurras et ses sbires ont définitivement déshonoré l’idée même de Restauration durant le sinistre épisode pétainiste, ce désir de la vengeance ou d’apologie des guerres vendéennes occupait une place réservée dans le bric à brac fantasmatique des scouts catholiques d’avant-guerre. Et nul doute qu’Henry Bourgenay (de son vrai nom Jean de Wenger) ne soit issu de ce vivier, lui aussi… Il serait de nos jours impensable de proposer un tel manuscrit dans une grande maison sans le voir aussitôt caviardé pour non respect du « politiquement correct”… O tempora o mores…
première partie de l’analyse d’Alain JAMOT, extraite de l’Intégrale SIGNE DE PISTE Tome 1 – 1937-1955