Le Seigneur d’Arangua

Roman Jeunesse – Collection Signe de Piste


Jacques Da CUNHA

Parutions :

1963 – Signe de Piste n°168 – Editions Alsatia
1979 – Nouveau Signe de Piste n° 90
2015 – Collection Signe de Piste n°41 – Editions Delahaye


Résumé

Au cœur de l’Etat de Matto-Grosso, au Brésil, dans une nature prodigieuse et insolite, amicale et terrifiante, le jeune Philippe vit à la manière de Mowgli dans la jungle.
Mais il est aux yeux de tous les « Seigneur d’Aranguá », le Senorzhino… et si sa tête est de bois, sa volonté de fer, s’il joue du pistolet, du couteau, du lasso, dompte les chevaux sauvages mieux qu’un vaquero, son cœur est fort et pur.
Dans l’ambiance frelatée du Carnaval Brésilien et après quelques rudes explications avec son père et son ami Jean-Louis, laissera-t-il l’adolescent généreux – qui vole au secours des caboclos blessés, des gosses tyrannisés, des lépreux lapidés par leur clan, des vieillards abandonnés dans les villages – l’emporter sur le jeune sauvage assoiffé d’aventures, dont une maladroite éducation a failli faire un inutile et un révolté ?


Fiche de Lecture

Quand j’étais ado et que j’ai lu ce livre, je me sentais en adéquation avec l’impression d’être seule et incomprise tout comme ce garçon qui vivait des choses bien plus fortes et réagissait en proportion mais avec la même volonté d’être vu, de marquer, de provoquer mais aussi cet idéalisme et cette culpabilité, si ce faisant, une vraie peine était née de mes propos ou de mes actes.
Philippe, c’est l’ado qui tombe et qu’on essaie d’aider en apprenant en tâtonnant, car pour un adulte qui ne connaît pas l’étendue de ce que vit ou a vécu ce garçon, c’est évoluer dans une nébuleuse. Il prend conscience à la fin, qu’on l’aime tel qu’il est et qu’il compte aux yeux de ceux qui l’entourent, ce qui lui permet de se relever et de grandir pour devenir l’homme bien aux énormes capacités qu’il a toujours été en puissance mais qu’une solitude doublée de trop grandes responsabilités avait rendu difficile. C’est l’espérance, car parfois quand on est tombé, on pourrait se dire c’est foutu, A quoi bon, alors que c’est là que se trouve la vraie force : non pas de se tenir droit quand on n’est jamais tombé et que tout est simple mais lorsque l’on est au sol et que l’on trouve en soi la force et le courage de se relever, d’assumer sa chute et ses blessures et d’aller de l’avant au lieu de faire du sur place.
Ainsi, au début des années 50, le fils d’une riche mais fantaisiste brésilienne et d’un baron français historien est renvoyé d’un énième collège. Sa mère fuit les complications et plutôt que d’en parler à son mari envoie son fils avec une préceptrice dans son immense propriété dans la campagne brésilienne. Les locaux qui résident ou travaillent sur les terres se déchargent de toute décision à l’arrivée d’un maître dans la grande maison. La préceptrice prend tout en charge puis décède d’une fièvre, le garçon a dix ans et se retrouve seul avec une maison une charge énorme, retourne à la vie sauvage. Sa mère insouciante veille à sa belle apparence et lui envoie régulièrement un tailleur puis l’emmène à l’occasion à des réceptions à Sao Paulo avec ses deux sœurs et son frère. Les passages de la famille sont rares. Alors que Philippe a treize ans, son père découvre le pot aux roses son fils intelligent qui faisait naguère sa fierté, parlait plusieurs langues à six ans est retourné à l’état sauvage, sans instruction depuis plus de trois ans, vivant à sa guise comme Mowgli dans la jungle. Une troupe de scout passe et le jeune garçon déconcerte les chefs qui ont une longue discussion avec le père.
Le baron de Vercinoy demande au fils d’un de ses amis de passer l’été avec son fils pour le remettre à niveau avant de le mettre en pension en France. Celui-ci souhaitait travailler avant sa rentrée en école d’ingénieur. La vision de la propriété lui donne une impression de paradis mais il déchante bientôt.
Le jeune homme découvre avec stupéfaction l’univers du Senhor d’Arangua, ses indiscutables qualités, l’ampleur de la charge à laquelle il fait face au quotidien mais aussi son tempérament fougueux, insolent et son impudence.
Un jour au terme d’une soirée, Le jeune précepteur va marcher dans la forêt et est surpris par une pluie battante qui manque de peu de le tuer. C’est Philipe qui le sauve puis le soigne pendant de longs jours. Philippe qui culpabilise car il l’a poussé à bout. De là nait le respect et l’amitié profonde qui liera toujours ces deux jeunes hommes. Les aventures vécues ensembles seront alternées de séances d’études qui permettront à Philippe de reprendre sans retard ses études et les siens, dont une meute de cousins qui croient lire les aventures de leurs héros signes de pistes dans les aventures de leur cousin brésilien qui leurs sont lues par leur grand père commun.

Analyse de O. de Lauzun, Mars 2016