Le Prince Eric
Roman Jeunesse – Collection Signe de Piste
Serge DALENS
Parutions :
Ed. ALSATIA – 1954 – Coll. SIGNE DE PISTE – n°64
(première édition)
Ed. FLEURUS – 1994 – Coll. SIGNE DE PISTE
Résumé
« Malheur à la ville dont le Prince est un enfant ! » dit l’Ecriture. Et le Prince de Swedenborg n’a pas quinze ans…
Seul ou presque, entouré d’ambitieux, de traîtres, d’espions et de lâches, Eric conservera-t-il la couronne que veut lui ravir son Premier Ministre ?
Jef le page préféré, Christian l’ami français, Yngve l’enfant mystérieux, et les autres garçons qu’Eric connut au temps du Bracelet, parviendront-t-il à l’arracher du piège où un Conseiller félon l’a fait tomber ?
Fiche de Lecture
Le mythe continue et s’amplifie.
Ce qui n’était, à l’origine, qu’une histoire de malédiction, de souterrains et d’amitié plus forte que le devoir, prend une dimension politique : Eric est menacé dans sa fonction de Prince régnant par un conseiller ambitieux et sans scrupules. Face à ce ‘’royaume des adultes », celui des enfants, avec leurs valeurs de générosité, de courage, d’amitié et de fidélité. Et dans ce jeu du pot de terre contre le pot de fer, ce sont les plus faibles et les plus fragiles qui vaincront, car, en filigrane, ce sont les valeurs du scoutisme qui doivent prendre le pas sur celles de la politique, les valeurs de la religion sur les valeurs profanes.
L’apologétique est évidente dans ce roman fait pour édifier les jeunes générations. Mais le roman a aussi une dimension cachée, qui va bien au-dela des intentions pédagogiques : c’est aussi le triomphe de la jeunesse sur les adultes, d’un âge censé incarner le sommet de l’humanité contre la mâturité qui n’en est que la dégénérescence… Ceux des pédagogues qui l’ont compris ne l’ont pas pardonné à l’auteur. C’est aussi ce qui explique la pérennité de ce roman, toujours lu 70 ans après sa sortie, et les tirages fabuleux atteints : plus de 3 millions d’exemplaires.
Deuxième tome du cycle, ce roman emmène déjà ses héros loin de Birkenwald et de ses sortilèges : voici Swedenborg, la patrie du Prince. Commencé par un travelling surprenant pour l’ époque, il se développe avec brio dans un style encore plus ramassé : dialogues courts et percutants, péripéties enchaînées, coups de théâtre flamboyants…
Le lecteur découvre aussi toute une galerie de personnages inoubliables : le malheureux sosie du Prince, Yngve…, l’infâme traître au monocle et au crâne rasé, Tadek…, Jef, Nils, Solveig… La magie nordique joue à plein : fjords, traîneaux, fourrures et vin brûlant. Dalens mélange romantisme, danger, opérette, deus ex machina au risque de faire exploser la machine ou de nous écoeurer de pâtisseries bavaroises : l’ombre de Ludwig II n’est pas loin avec les sortilèges fin de siècle de cette vieille Europe chancelante… Châteaux, légendes, cachots et décors shakespeariens délivrent Dalens de sa fascination parfois encombrante pour les chefs-d’œuvre du patrimoine. Le tout sonne un peu faux, alambiqué, tarabiscoté, un peu trop appuyé, mais sans doute l’époque voulait-elle cela pour conjurer le danger qui montait : la guerre, puisque le roman fut achevé en 1939…
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première partie de l’analyse d’Alain JAMOT, extraite de l’Intégrale SIGNE DE PISTE Tome 1 – 1937-1955.
Images pour un film fixe : Le Prince Eric dessiné par Pierre JOUBERT
Exprimer le bien que je pense de cet album m’est difficile dans la mesure ou j’ai eu l’honneur et le bonheur de commenter les illustrations inédites qui y figurent et qui ravissent mes yeux d’admirateur inconditionnel du maître illustrateur. C’est donc, bien évdemment, sous l’aspect le plus favorable que je rédige cette fiche de lecture en essayant toutefois de conserver mon objectivité et de modérer mon enthousiasme. Quoi qu’il en soit, je ne peux plus imaginer, après avoir découvert ces vignettes inédites, qu’un tel album ne figure pas dans la « Joubertheque »* d’un fan de la collection Signe de Piste et de Pierre Joubert. Tout d’abord en raison de la petite histoire, lesquelles sont souvent à la base des grandes découvertes. L’anecdote tient du miracle.
Comment autant d’illustrations réalisées en vue de créer un film à vues fixes (très en vogue dans les patronages et les colos avec la série Tintin d’Hergé) en 1948, ont-elles pu disparaître 60 ans pour réssusciter, avec leurs couleurs d’origine et donner lieu à cet INEDIT, pièce rare pour les collectionneurs et les admirateurs de l’artiste ? Il était dit que Le¨Prince Eric avec ce succès inaltérable qu’on lui connait devrait faire encore parler de lui en dépit de la disparition de ses pères Serge Dalens, le créateur, et Pierre Joubert, l’imagier.
Dans sa brillante préface, François d’Orcival nous expose sa rencontre avec Dalens et la philosophie de l’auteur, tandis que Jean Veber (un temps Président des Amis de Signe de Piste) nous détaille le mystère de ces films oubliés et les raisons des cette parenthèse de soixante années. … Décors, personnages, objets, angles de vues tout est fait pour permettre à l’oeil d’apprehender au mieux le déroulement du roman, retraduit en story board. Le texte d’accompagnement ne s’avère utile que pour signaler quelques détails de l’histoire et en faciliter la compréhension. Dans le cas présent mes commentaires n’ont d’autre but que de souligner le travail de l’artisan de l’image. Le texte des commentaires est un peu court bien sur, mais l’éditeur a souhaité laisser la plus grande place aux images et rien qu’à elles. Pour ma part j’aurais souhaité être plus disert. Il y a tant à dire sur le style de Joubert. Qualité des illustrations inédites, qualité de l’impression et des quadris, tout concoure à faire de cet album un succès qui vient compléter la compilation entreprise par Delahaye sur l’oeuvre de Pierre Joubert.
Analyse de Michel Bonvalet – 2008.