Le Héros sans visage
Roman Jeunesse – Collection Signe de Piste
Jean d’IZIEU
Parutions :
Ed. ALSATIA – 1954 – Coll. SIGNE DE PISTE – n°64
(première édition)
Ed. FLEURUS – 1994 – Coll. SIGNE DE PISTE
Résumé
Non ce n’est pas un roman de cape et d’épée : il n’y aura ni souterrain, ni poursuites palpitantes, ni joutes endiablées…
Et pourtant il y a une aventure. Si le héros n’a pas de visage, c’est que tu peux lui donner celui que tu voudras.
C’est Xavier, égoïste, désemparé, désespéré ; Xavier et son mal de vivre…
C’est Patrice, le fils modèle, héros jalousé, mort à la guerre de 1944…
Mais c’est toi aussi, toi qui te trouves certains soirs dégoûté de toi-même et des autres, toi qui au seuil de ta vie d’adulte te demande quelle route tu vas choisir…
Fiche de Lecture
Ici, l’aventure n’est pas une question d’action. Xavier ressemble à beaucoup de petits frères dont le grand frère a (trop) bien réussi, et auquel on le voudrait semblable. Il est pris dans ce complexe, victime d’un grand frère mort en héros à la guerre, pour la France. «Mon frère, ce héros». Parti à la recherche de la véritable identité de celui-ci après une lettre qui l’a intrigué, Xavier devra se trouver lui-même avant de pouvoir se réconcilier avec son frère.
Ce livre a cela de particulier qu’il est axé sur l’évolution de jeunes dans leur environnement: la ville, dans le milieu bourgeois ou le milieu ouvrier. On sent des jeunes qui se cherchent après un regard de ces regards qu’on n’oublie pas. Un de ces regards qui se suffit à lui-même pour faire passer un message que des mots seraient incapables de retranscrire. J’ai énormément apprécié l’importance donnée à ce regard, et l’évolution psychologique des personnages est très finement menée, y compris celle de Jean, ami de Xavier très effacé, qui se révèle être à la fin comme beaucoup: il voudrait bien faire, mais il n’y arrive pas… Jusqu’á ce que, par son exemple, Xavier lui ouvre la voie. Mais Xavier ne se serait pas lancé sans René, ce jeune du milieu ouvrier, qui l’a interpellé par son regard, par sa détermination. Et quand Xavier et René se trouvent enfin, chacun, en se tournant vers l’autre, se trouve lui-même, et même si le chemin reste encore long, il est alors transcendé par l’amitié et par le dépassement de soi.
J’ai dévoré ce livre d’une traite, et l’ai trouvé génial: étude poussée des caractères, comme un Zola plus accessible, plus proche de nous. Il alterne avec brio entre passages plus détendus et trame grave, mais qui se résout vers une apothéose de lumière qui nous incite à voir aussi la lumière dans notre quotidien, et m’a redonné le sourire. Xavier, Jean et René, ces «héros sans visage», nous ouvrent la voie vers le dépassement de soi en nous rappelant que ce n’est pas qu’un idéal, mais qu’on peut aussi en vivre. Et là se trouve peut-être la plus grande richesse de ce livre.
A.-C. P., 19 ans, février 2016
Difficile de chroniquer un roman de Jean d’ Izieu… Et pourtant l’ homme reste populaire et compte de nombreux fans… mais ça ne passe pas, les bouquins me tombent invariablement des mains!
Il était prêtre, ok, rien de choquant dans une collection de romans plutôt catholiques, au contraire… mais l’ hommedistille dans ses textes une obsession pour les rapports garçons – filles franchement exaspérante, avec ces remarques absurdes sur le côté « sale, malhonnête » du flirt… Les éducateurs savent bien qu’à partir de treize ans, les garçons s’obnubilent là-dessus, pas la peine d’ en faire un plat. Cela témoigne plutôt d’une virilité, d’ une grande santé rassurante…
Eh ben non, on s’attarde des pages entières sur des conseils moraux, sur la bonne manière d’attendre la « vraie jeune fille », inexpérimentée, godiche mais forcément « admirable »…
Facile, me direz-vous, de critiquer avec une vision d’aujourd’hui les us et coutumes de la jeunesse française d’ il y a cinquante ans. Mouais, évidemment. Mais les romans décrivent rarement la réalité dont ils sont issus, plutôt celle que perçoit ou promeut leurs auteurs.
Les romans de Larigaudie, Ferney, Foncine se moquent bien de ce qui se passe en dessous de la ceinture et ils ont bien raison!
(première partie de l’analyse d’Alain JAMOT, extraite de l’Intégrale SIGNE DE PISTE Tome 1 – 1937-1955)