Le Capitaine du Jamboree
Roman Jeunesse – Collection Signe de Piste
Jean-Louis DUBREUIL
Parutions :
1950-Signe de Piste n°45
(première édition)
1961- Signe de Piste n°147
2015 – Collection Signe de Piste n°36 – Editions Delahaye
Résumé
« Et ils furent exacts à ce rendez-vous qu’aucun des deux n’avait donnée à l’autre… »
« Ils… » Qui donc ? Philippe Hardelot, de Boulogne-sur-mer, et un étranger, un marin sans doute, aperçu au Prisunic un jour de novembre 1950…
Cet homme n’est chargé d’aucun message mystérieux, et pourtant Philippe, abandonnant famille et collège, se met à le poursuivre sur le port, puis à Anvers, puis à Hambourg, et jusqu’au grand large, sur son propre navire qui a nom « JAMBOREE »…
La clef de l’énigme sera livrée des semaines plus tard, mais non sans que la « Dame de la Frégate » ait failli pleurer la disparition d’un jeune seigneur de la mer au cœur fier et hardi.
Car la mer est là ; elle déferle d’un bout à l’autre de cette histoire. Tour à tour brumeuse, violente ou glaciale, elle monte à l’assaut des navires, elle achève de tuer ceux qu’ont blessés les bombes d’avions…
Fiche de Lecture
Le récit maritime a toujours tenu une place d’exception dans le roman d’aventure, et Jean-Louis Dubreuil ne faillit pas à la règle en écrivant Le capitaine du Jamboree.
S’inspirant de son expérience réelle de courtier maritime, il embarque ses héros dans une course sur mer et sur terre, à la recherche de la mémoire et de la personnalité d’un père…
Le récit est sombre, évoque les terribles souffrances endurées par les équipages des si fameux convois vers l’Urss, colonnes de navires livrées à l’appétit cruel et féroce des chasseurs allemands et des sous-marins, avec quasiment aucune chance de survivre dans les eaux glacées si par malheur une torpille ou une bombe déchirait la coque ou le pont…
Un homme a vécu cela, et ne s’en remet pas. Un adolescent, le croisant un jour dans un grand magasin, croît reconnaître en lui son père et prend le pari fou de le suivre et de savoir.
Nous sommes à Boulogne dans les années cinquante, et si quelques scouts apparaissent au cours du récit, ils n’en sont pas les protagonistes. Non, il s’agit d’un roman psychologique étonnant, où la vérité nous échappe chaque fois que nous croyons l’entrevoir. Un récit dur, froid, où l’on parle alors de l’avenir de l’Europe en ruines, du nécessaire dialogue à renouer entre des nations crucifiées sur l’autel du totalitarisme nazi et de la guerre.
Dans la littérature générale de l’époque foisonnent les récits de guerre, les souvenirs, les plaidoyers, mais bien peu reconnaissent alors le courage et la souffrance des combattants des deux camps comme le fait Jean-Louis Dubreuil.
Le cinéma, autre grand vecteur de la culture populaire, attendra 1969 et «l’Armée des Ombres» de Jean-Pierre Melville (tiré d’un roman de Joseph Kessel) pour présenter au public ce visage si humain du conflit mondial, avec ses zones d’ombres, sa terrible routine, ses héroïsmes minuscules parfois dans la grande tourmente qui ravage le monde.
Jean-Louis Dubreuil alterne subtilement scènes de combat, introspection des personnages, descriptions et dialogues de l’époque, et parvient à garder le lecteur en haleine jusqu’au bout, avec une maîtrise véritablement confondante.
L’analyse psychologique, si souvent négligée dans le roman populaire d’aventure, passe au premier plan. L’époque est, ne l’oublions pas, à la découverte par le grand public de la psychologie moderne et la psychanalyse commence à devenir un sujet de conversation, avec ses notions de refoulement, de traumatisme et l’auteur intègre tout cela dans un Signe de Piste !
Analyse d’Alain Jamot dans l’INTEGRALE SIGNE DE PISTE – 2007