La Tache de vin

Roman Jeunesse – Collection Signe de Piste


Serge DALENS

Parutions :

Ed. ALSATIA – 1947 – Coll. SIGNE DE PISTE – n°24
(première édition)

Ed. FLEURUS – 1994 – Coll. SIGNE DE PISTE


Résumé

Voici la suite tant attendue du Bracelet de Vermeil et du Prince Eric.
Faut-il préférer l’indulgence à la stricte justice ?
Eric avait choisi le pardon. Le comte Tadek se charge de l’en faire repentir, car il n’hésite pas à supprimer ceux qui contrarient ses projets. De justesse, Eric échappe à un premier attentat. Echappera-t-il au second ?
Car cette fois, Tadek a tout prévu. Tout… sauf le courage de Jef et celui de Jean-Luc, l’ami secret d’Eric, Jean-Luc pour qui choque Jour serait une nouvelle épreuve, s’il n’y avait Marie-Françoise et Rémy.


Fiche de Lecture

Pendant longtemps, j’ai relu chaque année, en automne, ce tome 3 de la saga du Prince Éric. J’avais beau découvrir les vastes territoires de la littérature dite « sérieuse » ou de la philosophie, je ne pouvais m’empêcher de revenir à ce roman, et d’y découvrir chaque fois de nouvelles raisons de l’aimer… Probablement le mieux écrit et le plus réussi du cycle, il mêle subtilement l’histoire de Rémy de Terny, orphelin élevé par une vieille cousine bigote, et les préparatifs d’un attentat contre le Prince. Rémy découvre l’amitié avec Jean-Luc de Bretteville, « l’enfant au trop lourd secret », et que donner peut tout changer…
C’est aussi un témoignage très touchant sur la vie des adolescents d’alors à Paris, subissant une culture officielle déjà déconnectée de toute réalité sociale, ignorante du corps et du jeu, fabriquant de petites répliques invertébrées d’un ordre qu’il est impensable alors de vouloir contester… Le scoutisme y joue bien sûr une part importante, seule échappatoire à une vie morne et grisâtre, écrasée par les conventions. Les sorties en forêt et les camps bouleversent alors ce morne alignement de jours insipides. Scoutisme alors vierge de toute scission et qui pensait pouvoir changer le monde… Dalens investit là le territoire du roman psychologique, décrivant par petites touches l’évolution d’un garçon malmené par la vie et guère attirant, enfermé dans la médiocrité de sa condition et pour qui tout change, un jour, par la grâce d’une rencontre…
Le style scintille comme toujours chez Dalens, avec cette alternance de dialogues insolents, de descriptions romantiques et cette ambiguïté fondamentale qui habite toute son oeuvre, cette zone d’ombre qui sépare l’amour de l’amitié et que l’on ne peut comprendre qu’en tentant de revivre celui que nous étions à quinze ans… La rencontre entre Marie-Françoise et Christian d’Ancourt, dans laquelle tout est dit en quelques mots, ou les prémices de l’amour se dévoilent, a dû alors faire jaser dans le petit milieu des éducateurs catholiques ! Et puis la mélancolie, bien sûr, la présence de la Mort qui hante en permanence Serge Dalens, cette conscience de la fragilité des choses et des êtres, le plaisir subtil et doux-amer de savoir que ce bonheur ne peut être que fugace, minuscule éclaircie dans un ciel toujours menaçant… Pathos certes, romantisme, mais la petite mélodie entêtante qui s’en échappe ne vous quitte plus votre vie durant comme une petite plaie que l’on agace, où le plaisir et la douleur ne se distinguent plus guère…
…/…

première partie de l’analyse d’Alain JAMOT, extraite de l’Intégrale SIGNE DE PISTE Tome 1 – 1937-1955