La Parenthèse

Roman Jeunesse – Collection Signe de Piste


Robert ALEXANDRE

Parutions :

1978 – Nouveau Signe de Piste n° 68
2015 – Collection Signe de Piste n°38 – Editions Delahaye


Résumé

Un homme attend Daniel à la sortie du lycée. Qui est-il ? Que lui dit-il ? Le garçon s’enfuit, désespéré, décidé à ne plus rentrer chez lui, à chercher très loin un refuge.
Cette fugue pourrait n’être dans sa vie qu’une parenthèse banale, un épisode sans importance. Mais ce qu’il découvre, la compréhension et l’amitié de Yod d’abord, et aussi la rencontre de Martine, une fille de son âge que la vie a blessée encore plus que lui-même, donneront à cette aventure une autre dimension.
Daniel saura-t-il retrouver la paix intérieure, accepter la vérité, comprendre ceux qu’il avait voulu juger sans appel ?
Et n’est-il pas surtout à la recherche de lui-même ?


Fiche de Lecture

Un jour qu’il sort de l’école, Daniel reçoit la visite d’un homme qui demande à lui parler. Cet homme est son vrai père. Daniel tire des conclusions de cette grave nouvelle et se sentant trahi par ses parents en l’apprenant, il décide de fuguer, incapable de le supporter.
La Parenthèse parle de cette fugue d’adolescent face à un choc immense qui remet en question le cadre dans lequel il vit. Le roman de Robert Alexandre parle de la rencontre de ce jeune qui part à la recherche de lui-même avec Yod, trentenaire bienveillant et compréhensif ; et Martine, plus tard, jeune fille de son âge encore plus éprouvée que lui. Au contact de ces deux personnalités, Daniel pourra s’apaiser, pardonner et renouer le dialogue avec sa famille.
Ce récit nous livre une certaine représentation de l’adolescent, comme un être fragile et instable. Daniel est en recherche de lui-même, et à 15 ans le cadre dans lequel il vit peut vite devenir fragile. L’adolescent ici est à la frontière entre l’enfant et l’homme et a besoin d’un cadre stable où se construire ; autrement, il ne pourra définir sa propre identité et devenir un adulte. Finalement, durant cette « parenthèse » dans le temps et l’espace (car Daniel ne rentre pas chez lui pendant un bon mois et s’est exilé à la campagne), il sera capable grâce à ses rencontres de retrouver l’identité qu’il avait perdue. C’est aussi l’histoire de la fin du monde de l’enfance. Son identité remise en question par la révélation, Daniel est obligé de couper avec ce qu’il était pour se chercher à nouveau. Il doit affronter en face un monde d’adultes parfois hostile, avec ses souffrances, ses peurs mais aussi ses joies et le faire sien. Son identité retrouvée, il est alors changé, sans retour en arrière. On peut se demander si la parenthèse réelle n’est alors pas pour lui la bulle familiale dans laquelle il se trouvait avant le drame, plutôt que ce qu’il va trouver en fuguant.
Daniel est accueilli simplement par Yod qui retape une maison pour l’arrivée de sa famille et d’amis. Il ne pose pas de questions et se pose en grand frère, ou mentor disponible mais pas envahissant. Il va lui apprendre le travail, à modérer son tempérament et à s’ouvrir (il accepte le cadeau simple de l’amitié de Yod). Plus tard, Martine les rejoins. 15 ans, déjà un bébé, chassée de chez elle. Elle trouvera aussi chez Yod un foyer. Mais plus que cela, elle sera un exemple pour Daniel. En effet, elle aura tout fait malgré les difficultés pour garder et élever son enfant, sans baisser les bras. Cette force va toucher Daniel profondément qui relativisera ses propres problèmes. Ainsi, on peut suivre au long du roman une évolution du personnage, d’abord autocentré sur ses malheurs et la perte de son monde, ensuite tourné vers l’autre, prêt à affronter des problèmes. Le jeu de l’énonciation appuie cela avec le « je » qui devient moins présent au fur et à mesure du récit.
La vision de l’adolescent n’est pas pour autant négative, peut-être un peu clichée ou convenue parfois dans les réactions qu’il peut y avoir, mais tout de même nuancée. Un peu capricieux, tendu, agressif et souvent dans le rejet, mais aussi capable d’évoluer, d’entendre raison, de se donner pour l’autre. La réaction de la fugue n’est alors peut-être qu’un prétexte à Daniel pour se donner le déclic et grandir (considérant surtout que cette dernière est entre autre due à une sur-interprétation de sa part). Elle paraît certes exagérée pour des lecteurs peut-être plus âgés, mais le personnage est probablement bien compris par de jeunes lecteurs, eux aussi en plein questionnements. La Parenthèse ne nous permet jamais de juger avec trop de sévérité Daniel, au contraire, nous pousse à le comprendre aussi, et comprendre que ses réactions sont adaptées au jeune qu’il est. La figure de Yod vient contrebalancer cette tendance que nous pourrions avoir à le juger.
La Parenthèse ne s’attache pas tant à l’élément perturbateur (qui est résolu, mais en 3 lignes) qu’au chemin que parcoure Daniel. Dans un schéma plutôt classique de représentation de l’adolescent et des problèmes qu’il peut avoir ou provoquer, l’histoire prend tout de même grand soin de relater les rencontres entre les personnages. Ces rencontres seront la seule voie possible pour Daniel de réellement grandir, faisant écho probablement à nos propres vies. On dit que les rencontres forgent l’esprit ou le caractère, on y trouve du vrai.

Analyse de C.B. – 2016

Fiche de Lecture

Face à une nouvelle qui vient bouleverser son monde et son cadre familial, Daniel fugue, ne pouvant le supporter. Il est transporté jusqu’à la campagne où il fera la rencontre de Yod, trentenaire, figure forte qui l’accueille simplement, comme un frère dans la maison qu’il retape. Yod (de son surnom), a pris la décision avec sa famille et des amis de fuir la ville pour s’installer plus calmement et dans la simplicité, en rupture avec son mode de vie antérieur.
Récit sur l’adolescent qui subit un choc mais qui en ressort grandi, La Parenthèse nous donne aussi à réfléchir sur le cadre spatial dans lequel il se déroule.
Le cadre a en effet toute son importance. La campagne permet de proposer au personnage de Daniel une « parenthèse » spatiale au sein d’un lieu mais aussi un univers inconnu. Au milieu de la nature, dans une simplicité certaine, il est capable de retrouver le goût de la simplicité, la valeur du travail (manuel qui plus est) et a toutes possibilités de prendre le temps de réfléchir ou méditer, ainsi de prendre en maturité. On retrouve cette notion du cadre important pour un bon épanouissement. Le cadre spatial se veut devenir reflet du cadre familial et même psychologique des personnages.
Ce cadre spatial qu’est la maison à la campagne, qu’il faut retaper, c’est aussi la maison de Yod, sa famille et un autre couple d’amis. Dans un topos presque éternel, il est l’image d’un paradis perdu. D’autres œuvres par le passé proposent cette image positive de la communion avec la nature, que l’homme chercherait à un moment ou un autre de sa vie à retrouver, et où la civilisation serait négative, comme dans Paul et Virginie (Bernardin de St Pierre). Pourtant, la civilisation n’est pas négative ici. Le roman de Robert Alexandre peut ainsi faire figure de roman écologique, traitant de manière très positive cette simplicité de vie (que l’on peut d’ailleurs envier sans oser s’y frotter). On peut seulement reprocher peut-être le côté idyllique de la chose : de fait les paysans voisins ne vivent pas dans cette même sérénité, beaucoup plus en proie aux problèmes de la vie, notamment financiers. On pourrait deviner que ce mode de vie est au final loin d’être accessible à tous, et pourtant rêvé.
On reprocherait peut-être aussi une vision « bobo » d’un retour aux sources, mais la sincérité des personnages, leur vraie simplicité ne permettent pas de rester longtemps sur cette position. Respectueux de ceux qui ne choisissent pas le même mode de vie, décidant de ne pas se couper entièrement de toute civilisation pour autant, les personnages de Yod et sa famille peuvent probablement réconcilier avec une vision de l’écologie militantisme.
La Parenthèse est dans cet axe là un roman sur l’écologie du bon sens.

Analyse de Claire B. – 2014