Joël sous les étoiles
Roman Jeunesse – Collection Signe de Piste
Jean VERGRIET
Parutions :
1956 – Signe de Piste n°97
(première édition)
1971 – Safari Signe de Piste n°19
1987 – Nouveau Signe de Piste n°137
Editions DELAHAYE – 2020 – Signe de Piste n°82
Résumé
ieu ne regarde que l’amour ! Tel est le thème de ce conte de Noël plus poignant qu’un roman.
Voici invisible et présent, Hérode roi par la grâce de Rome, soumis à ses maîtres et opprimant son peuple.
Voici Josuah et son fils Joël, voici Melluc le traître et son fils Eziel.
Voici la nuit unique, l’Enfant et les bergers…
Dieu de regarde que l’amour. Mais Joël ne vit plus que pour la vengeance : comment pourrait-il être touché par la grâce ?
Fiche de Lecture
Faire intervenir le Christ dans un Signe de Piste, fallait oser ! Eh bien Jean Vergriete (de son vrai nom l’abbé Jean Vegh) ne s’en laissa pas compter et son héros, ruminant une sombre et sanglante vengeance, rencontre Joseph et Marie, renonce à son funeste projet et assiste quasiment à la naissance de Jésus !
L’écriture, très maîtrisée, sait évoluer de façon très souple, sans s’appesantir sur le décor, péché mignon des romans historiques.
Le souci apologétique n’encombre pas davantage l’intrigue, et l’on songe davantage aux péplums des années cinquante avec Charlton Heston qu’aux historiettes sulpiciennes habituellement distillées dans le milieu catho d’alors, type Cœurs Vaillants. L’auteur s’est sérieusement documenté, et le lecteur, sans s’en rendre compte, intégrera un grand nombre de notions historiques.
Et on réalise aussi brusquement que l’histoire de Jésus, le Nouveau Testament, constitue un excellent scénario de film ou de roman, que l’on soit croyant ou pas.
Ce roman présente aussi un bon exemple du message véhiculé par la collection, à savoir un message chrétien, tentant de donner une forme moderne et excitante aux valeurs évangéliques.
Il est assez étonnant de constater que la collection a été bien plus attaquée sur une supposée dimension idéologique et politique (présente en fait chez quelques auteurs, et bien souvent davantage dans leurs pratiques extra-littéraires que dans leurs écrits SDP) que sur cet aspect-là, pourtant évident, et qui correspondait au milieu naturel de diffusion de ce type de littérature, les collèges et les mouvements de jeunesse catholiques.
La littérature jeunesse a pour principale fonction de transmettre des repères à un enfant ou un adolescent en plein processus d’émergence et de structuration psychologique, et dès lors, un parti pris est non seulement souhaitable de la part de l’auteur, mais aussi indispensable. Il n’y a pas d’exemple d’ouvrage de ce genre qui ne contienne une vision du monde : que ce soit dans les sociétés démocratiques ou totalitaires, la production littéraire destinée à la jeunesse transmet toujours un message, et si elle refuse de le faire, elle ne fonctionne tout simplement pas.
Aujourd’hui, Harry Potter distille une morale anglo-saxonne tout aussi évidente, et rencontre un succès planétaire. Sa grande trouvaille consiste à présenter un ado ne dissimulant pas ses faiblesses, une sorte d’antihéros binoclard et surmontant, à travers la magie, ses handicaps.
Le Signe de piste proposait des héros peut-être passés de mode, très idéalisés, mais leur heure reviendra, sans doute plus tôt qu’on ne le pense. Et ses auteurs n’ont jamais dissimulé cette dimension.
Enfin, Jean Vergriete fut aussi L’auteur de délicieux petits romans dans la collection Toison d’or, tels que Oulgwy des sables verts (1940), Le Val du grand bison, (1941) ou La Maison qui bouge (1945), à redécouvrir…
Analyse d’Alain JAMOT – dans l’Intégrale SIGNE DE PISTE – Tome 2.