Pour ne plus marcher seul

Roman Jeunesse – Collection Signe de Piste


Thierry ROLLET

Parutions :

2015 – Collection Signe de Piste n°39 – Editions Delahaye


Résumé

Lise est hospitalisée. À 15 ans, c’est terrible, surtout lorsque l’on est sous la menace d’une des plus terribles maladies : la leucémie.
Mais voici qu’un jour, Ambroise entre dans sa chambre. Le même âge, presque les mêmes problèmes de santé mais pas la même expression sur le visage : chez lui, tout est sourire. Chez elle, tout est maussade et buté. Chez lui, la volonté de vivre et de faire vivre les autres. Chez elle, un abandon de soi qui va se transformer peu à peu…
Car ensemble, ils vont vivre une expérience exaltante : celle du don de soi, du partage, d’une amitié sans pareille qui va les placer bien au-delà de la souffrance ou du désespoir, jusqu’à bannir tout ce qui aurait pu les détruire.
Comment s’achèvera cette rencontre ? Nul ne saurait le dire au commencement de cette histoire. Mais il est vrai d’affirmer qu’elle deviendra un perpétuel commencement : celui de l’amitié et, en même temps, celui qui permet de vaincre tout sentiment et toute agression de la solitude.
En apprenant, à eux deux, à ne plus jamais marcher seul.


Fiche de Lecture

Ambroise, jeune de 14 ou 15 ans souffre d’un grave cancer des os. Lise, 15 ans, d’une leucémie. A travers les yeux de Lise, c’est leur rencontre et leur amitié que Thierry Rollet nous livre dans ce roman en trois parties.
La première partie est celle de la rencontre. Ambroise parvient par son sourire, sa patience, sa profonde espérance à calmer la révolte de Lise face à la maladie. La seconde partie, celle de la séparation : Ambroise quitte l’hôpital, et Lise le suit de près, tous deux étant en rémission. « L’union des solitudes” vient clore le récit où Ambroise rechute alors que Lise guérit. C’est au tour de la jeune fille d’accompagner son ami comme ill ’a fait pour elle au début.
Le récit est rythmé par les souvenirs de Lise et l’échange de courriels entre les deux amis. Basé sur l’histoire vraie d’Ambroise Ficheux, on perçoit parfois les témoignages directs des gens qui l’ont connu. Dans la bouche des médecins, des professeurs, de ses parents ou amis qui dépeignent ici un garçon intelligent, curieux, souriant et emprunt d’une réelle spiritualité. Il semble être déjà un vieux sage qui aurait compris le mystère de la vie, celui de la mort et peut-être même celui de Dieu.
L’histoire d’Ambroise n’est pas sans rappeler celle d’Oscar, dans le roman d’Eric-Emmanuel Schmitt Oscar et la dame en rose. Le garçon de 10 ans qu’est Oscar sait qu’il va bientôt mourir. La présence de Mamie-Rose va l’aider à s’apaiser et se préparer à la mort par des lettres adressées à Dieu, dans la franchise qui est celle des enfants.
Cette franchise, on la retrouve dans le caractère et le point de vue de Lise qui n’hésite pas à s’exprimer au sujet de la maladie ou de la spiritualité de son ami qu’elle ne comprend pas toujours mais qu’elle respecte. Au final, au contact du jeune garçon, elle y reviendra un peu et pourra arborer une fois le deuil passé le fameux sourire d’Ambroise.
La mention de Dieu dans ces deux romans ne cherche pas tant à convertir qu’à proposer un témoignage et amener questionnements et réflexions. Un moyen de vivre mieux sa souffrance pour ces enfants si jeunes et pourtant confrontés à de terribles épreuves.
Le plus frappant concernant Ambroise est cette sérénité qui l’habite et qu’il parvient à transmettre à son amie par des mots simples, son sourire et sa patience. Malgré sa maladie, il se rend disponible pour les autres et offre sa souffrance à Jésus.
Lise permet de connaître Ambroise, pas tant par la souffrance qu’il vit car celle-ci n’est pas ou peu décrite dans le livre mais par la force qu’il possède et donne à ceux qui l’entourent. Les mots employés sont simples pour parler de la mort ou de la souffrance : les choses sont telles quelles sont. L’histoire ne se perd pas en descriptions larmoyantes des maladies, elles y sont décrites comme des faits car ce n’est pas le plus important. Le côté un peu bourru et le vocabulaire de Lise sont aussi vecteurs de cet aspect du récit et l’allègent.
Si la description de la maladie n’est pas le plus important, c’est parce que les réelles questions sont philosophiques. Les personnages souffrent physiquement mais aussi moralement. Pour ne plus marcher seul permet de toucher du doigt la question de la souffrance, elle nous rappelle nos propres faiblesses. Les questionnements sur l’humanité, la vie, la mort (pourquoi est-on ? pourquoi la maladie ?…) en découlent naturellement à travers le récit de ces vies brèves mais fortes de jeunes parfois plus sages que certains adultes. Ce ne sont pas des réponses que le livre va proposer, là où l’on touche au mystère de la vie, mais des pistes et des exemples pour essayer de poser d’autres regards.
Avec Ambroise, peut-être que ce n’est plus simplement Lise qui va apprendre à « ne plus marcher seule”, mais que son exemple peut toucher chacun des lecteurs ou des personnes qui ont entendu son histoire.

Analyse de C.B. – 2017