Piqualise

Roman Jeunesse – Collection Signe de Piste


Josy de BOUCLANS

Parutions :

Ed. ALSATIA – 1967 – Coll. SIGNE DE PISTE – n° 184
(première édition)
Ed. DELAHAYE – 2005 – Coll. S2P – n°03


Résumé

Qui est ce bizarre orphelin vêtu d’une chemise délabrée, d’un pantalon de toile rude et de gros sabots qui vit dans les ruines de la chartreuse de Port Ste-Marie en compagnie d’un vieux berger ?
Quel secret, trop lourd à porter, hante aussi le vieillard, poète, guérisseur et braconnier à ses heures, qui ne quitte la haute terrasse face au ciel que pour de mystérieuses visites à un vieil herboriste-antiquaire du bourg voisin. Chante-Bise, la maison aux cent girouettes, n’a-t-elle pas aussi ses secrets… et son drame ?
Le vieil homme et l’enfant !
Voici, transposé dans le grand vent d’Auvergne, sur les collines embaumées qui dominent la Sioule vagabonde, l’aventure de toute une vie, si chargée de poésie et de vérité qu’on la croirait presque signée par l’auteur des  »Lettres de mon Moulin ».


Fiche de Lecture

Le destin des livres n’obéit pas toujours à la logique. Ainsi «Piqualise», roman assez exceptionnel par ses qualités stylistiques, sa composition, n’a jamais beaucoup alimenté les rêves et les causeries des amateurs de roman d’aventure. Nulle injustice pourtant: la collection comptait, à sa grande époque, une production si soutenue qu’il n’y a rien d’extraordinaire si certains livres passaient un peu inaperçus.
Ce roman en possède pourtant toutes les qualités: un petit orphelin recueilli après la mort de sa mère (couturière, nous sommes alors en pleine mythologie du roman populaire du XIXe et sa cohorte de cousettes chlorotiques ou tuberculeuses; le Boulevard du crime n’est guère loin…), dans un milieu trop dur et collet monté, s’échappe et va vivre quasiment en pleine nature avec un vieux berger, mi-mage mi-sorcier qui lui apprendra à exister debout, les yeux et les mains ouverts, apte à s’émerveiller du spectacle de la Nature.
On devine, en filigrane, cette nostalgie de l’île déserte qui sous-tend beaucoup de récits pour la jeunesse, cette soif d’innocence, ce rêve jamais rassasié d’un monde à nouveau pur et sans Histoire, d’un univers à refaire, merveilleux, immaculé, sans école, sans travail, sans misère et sans toute cette souffrance incompréhensible aux yeux des enfants…
Vieille tradition du récit utopique, panthéisme un peu naïf mais si réconfortant à lire et relire. Redécouverte aussi pour un petit citadin de toutes les vertus médicinales des plantes, fantasme de vie en symbiose avec le monde végétal, fournissant à la fois nourriture et remèdes.
L’auteur utilise également une très vieille technique, celle du conte, car ce roman commence par la rencontre d’un gamin et d’un herboriste âgé, qui n’est autre que le compagnon de Piqualise, le berger magnifique… Et le vieil homme raconte comment sa vocation est née, dans cette jeunesse sauvage… Récit dans le récit, mise en abîme, vertige littéraire…
La narration flotte dans des descriptions virtuoses de paysage, d’arbres, de rayons de soleil sans jamais sombrer dans la mièvrerie ou le chromo un peu pathétique. On songe à Daudet, certes, mais aussi à Genevoix et, inévitablement, à Jean-Louis Foncine, dont la transcription stylistique de son amour de la Nature ne devait sans doute pas être étrangère à Josy de Bouclans.

première partie de l’analyse d’Alain JAMOT, extraite de l’Intégrale SIGNE DE PISTE Tome 3 – 1962-1970