L’Emigrant

Roman Jeunesse – Collection Signe de Piste


Pierre FUVAL

Parutions :

1959 – Rubans Noirs – Signe de Piste n° 10
2016 – Collection Signe de Piste n°49 – Editions Delahaye


Résumé

Dans les années cinquante, partant de France, on comptait encore en journées pour fouler la terre du Canada.
Ce roman nous replonge dans cette époque, si proche et pourtant si lointaine : pas d’Internet, de satellite, de vols intercontinentaux réduits à quelques heures.
Cette histoire touchante nous rappellera aussi combien nos façons de voir le monde ont changé.
Mais ce qui reste permanent, c’est l’envie d’Aventure, et le héros de ce roman en vivra une qui le marquera à jamais, de la plus étrange des façons…
Car l’amitié, comme les sentiments, comme l’envie de vivre une vie pleine et entière, restent nos meilleures boussoles, quel que soit notre monde…
Par l’auteur des mythiques romans scouts « Le mystère du lac de Laffrey » et « L’évadé de Coëtcarantec ».


Fiche de Lecture

Après de difficiles épreuves, Philippe Kerdal, beau et fort jeune homme de 23 ans décide de quitter la France, sa patrie d’origine, pour s’installer au Canada. Ayant perdu sa mère, la fille qu’il souhaitait épouser l’ayant quitté, et ayant échoué à la Faculté de médecine, Philippe préfère partir, poussé par l’envie de tout recommencer à zéro. Il n’analyse pas ses échecs, ne tente pas de les comprendre, n’essaye pas de prendre du recul sur la situation, c’est sur un coup de tête qu’il part pour changer de vie.
Commence alors son voyage, d’abord vers le Havre par le transatlantique, ensuite sur un bateau pour une traversée vers le « Nouveau monde ». C’est encore une époque où les migrations font la distinction entre « Vieux monde », l’Europe et le « Nouveau monde » que représente l’Amérique. Dans la continuité des ancêtres européens, Philippe désire migrer, pour toujours, bien loin de sa France natale. Durant sa traversée, il s’évade, commence déjà à faire connaissance avec des habitants, ou futurs habitants de cette terre inconnue qui l’accueille.
Cependant, Philippe a bien du mal à se défaire de la France. Tout le récit, de son point de vue, met en valeur une certaine attention, voir une obsession réelle pour tout ce qui lui rappelle la France : personnages historiques, lieux, restaurants, francophones, presque dans un sentiment de supériorité et de fierté. Il ne semble au départ accorder sa bienveillance qu’aux choses « réellement » françaises. Il lui faudra pourtant adopter entièrement sa nouvelle patrie et apprendre à y vivre.
Ce sont les épreuves qu’il va traverser en arrivant qui le mettront sur cette voie. D’abord aux Etats-Unis, où il a la malchance d’assister à l’assassinat de deux policiers, y laissant ses empreintes… il sera heureusement disculpé par un lettre (improbable!) du meurtrier lui-même qui semble posséder un sens de l’honneur et de la chevalerie étonnant en avouant ses crimes.
Dans ces mêmes Etats-Unis, Philippe assiste à l’opération d’une jeune fille, Mireille Anne, dont il tombe amoureux, un « coup de coeur » au sens propre, puisque c’est bien la seule chose qu’il verra d’elle en premier lieu. Par la suite, il réussira à prendre contact avec cette malade, qui guérira miraculeusement, aidée par ses prières, lui qui n’avait pas prié depuis des années.
Miracle, Providence ou conte de fées, la conclusion est la même : Philippe épouse du même coup Mireille Anne et le Québec. Une adoption par l’amour et la grâce d’une jeune fille, qui lui donne une nouvelle raison de vivre et de ne plus songer avec nostalgie à son pays d’origine, faisant de lui non plus un émigrant, mais un émigré.
L’émigrant nous fait le récit d’un voyage, comme tant d’hommes et de femmes ont pu connaître il y a plusieurs dizaines d’années vers une Amérique, parfois rêvée, sur laquelle ces émigrants s’installent et décident de fonder leur nouvelle vie. L’adaptation n’est peut-être pas simple, malgré les ressemblances du pays avec l’Europe. C’est ici grâce à quelques aventures, une histoire romanesque, mais surtout grâce au soutien et l’amitié qu’on lui donne, que Philippe finit par s’attacher à sa nouvelle terre. Par l’accueil qu’il reçoit, il se sent chez lui.

Analyse de C.B. – février 2016