Le Signe dans la pierre

Roman Jeunesse – Collection Signe de Piste


Paul HENRYS

Parutions :

1952 – Signe de Piste n° 55
2015 – Collection Signe de Piste n°46 – Editions Delahaye


Résumé

Jean-François et Loys se sentent liés par une commune et étrange décision : Jean-François recueille, tombées de la bouche de son ami, les mêmes paroles que jadis, aux temps de la chevalerie, un de ses ancêtres reçut d’un intrépide inconnu à qui il devait la vie.
Y a-t-il plus qu’une fantastique coïncidence dans cette rencontre ?
Cette rencontre qui sera le début de la Piste. Elle engendrera l’Amitié pour aboutir au drame. Mais c’est un troisième garçon : le blond, l’ardent, le pur Patrick qui sera au rendez-vous décisif.
Le roman, qui a pour cadre les âpres et épineuses collines de Lorraine, les halliers sauvages de Bretagne, se termine dans la lumière africaine, au pied de la colline de Byrsa.


Encore une pépite ignorée ! Ce bouquin représente une sorte de condensé des techniques Signe de Piste traditionnelles…
Tout commence avec un pastiche du Bracelet : un scout découvre qu’il est lié à un autre môme par un antique serment prononcé par un de ses ancêtres au Moyen-Age…
Évidemment il tombe sur le garçon, flash, coup de foudre, malaise, grandes envolées violonistiques et pâmoison garanties, bref du faux Dalens brut de brut… manque rien… Le deuxième gus (Loys, tu parles d’un prénom !) est noble, comme le premier, fils d’officier «de grande et bonne race», blond, fin, il joue du piano comme un dieu (mais sur un Pleyel, pas un Erard, excusez du peu !), chante dans une manécanterie avec évidemment une voix à tomber par terre…
Puis la troupe part camper, et Jean-François, le CP du Tigre, retombe sur Loys et c’est enfin l’amour ! euh… l’amitié (saine et virile, est-il précisé). On pleure, on prie dans le château de famille, Jacques Michel doit être content…
Et bing, on part dans une autre direction : on cite Les Forts et les purs et hop ! propagande raider, mysticisme prêtre-ouvrier pour tout le monde, Jean-François se demande s’il ne va pas devenir curé, Loys songe à l’armée de l’air et se carapate en Tunisie avec ses vieux… drame cornélien, voire racinien… nos héros réussiront-ils à se revoir ?
On songe à Pierre Labat, à Jean d’Izieu, ça rigole plus, bondieuseries incessantes… Le Tigre arrive enfin en Tunisie et au cours d’un raid, Patrick, le plus jeune, se fait exploser par un sanglier et meurt en odeur de sainteté…
Le CT (ex-résistant) et l’aumonier (rescapé des camps d’extermination) en font des tonnes, tout le monde pleure à nouveau avec cette fin digne des premiers essais dramatiques Scouts de France de 1925-30 type Foulard de satin, bien lacrymal…
Paul Henrys livre là une sorte de péplum scout, de superproduction avec tous les ingrédients possibles et imaginables, et malgré le côté bric-à-brac, fouillis cut-up pré-Burroughs (on trouve de tout chez Paul Henrÿs : dialogues dramatiques, longues citations, histoire de la Tunisie, réflexions quasi-métaphysiques, guide de voyage…), on se laisse finalement prendre au jeu… On pense aussi à Ferney pour l’utilisation de l’histoire; un titre de chapitre pastiche encore Dalens mais celui du tome deux du Prince Éric…
Finalement, une sorte de petit chef-d’oeuvre, bien supérieur au calamiteux Portail des sabres qu’il livrera plus tard…
On trouvait autrefois sur le site des Amis du Signe de Piste une bio de Paul Henrÿs, qui semble s’être réengagé dans les commandos de chasse pendant la guerre d’ Algérie et y avoir laissé la vie… Un drôle de personnage, comme les aimait le Signe de Piste de l’après-guerre…
Un livre à découvrir ou redécouvrir, une espèce de Jean de la Hire mystique et allumé (c’est un compliment !!!)

Analyse d’Alain JAMOT – dans l’Intégrale SIGNE DE PISTE – Tome 1.