Echec au roi

Roman Jeunesse – Collection Signe de Piste


Jean VALBERT

Parutions :

SIGNE DE PISTE Ed. – 1971 – Signe de Piste n°16
(première édition)
Editions Delahaye – 2013 – Signe de Piste n°24


Résumé

En l’an de grâce 1636, à Dole, alors ville espagnole, deux élèves du Collège de l’Arc se haïssent et s’affrontent jusqu’à ce que bataille s’ensuive : le Comte Gérard et Philippe, le Français. Brusquement, la guerre et l’invasion se déchaînent. Voici que, dans la ville assiégée par l’armée française, vient se refugier Denis, le fils du meunier, dont toute la famille a été massacrée par l’envahisseur. Tout semble devoir séparer ces trois garçons. Et cependant, ils vont vivre ensemble au milieu du fracs des armes et de la fureur des hommes, une étonnante, tumultueuse et belle aventure.
C’est en vain que Louis XI et Henry IV tentèrent de mettre la main sur la Franche Comté, héritage de Charles le Téméraire. En 1636, Louis XIII et Richelieu échouèrent à leur tour dans leur tentative de conquérir les Comtois « enragés à la défense de leurs franchises ». Les villes comtoises restèrent invaincues, de même que les légendaires maquisards du Capitaine Lacuzon.
C’est au début de cette période que se situe l’action d’ECHEC AU ROI, qui va vous emporter à un rythme endiablé aux côtés de Gérard et Denis les Comtois et de Philippe le Français. Pour eux l’Aventure commence …


Fiche de Lecture

Jean Valbert, enfant du Pays Perdu de Franche-Comté, prêtre, journaliste, écrivain, pêcheur en eaux claires, profite du récit d’un évènement réel pour nous conter l’histoire d’une amitié entre trois jeunes garçons que tout sépare : origine, fortune, politique et guerre.
« Echec au Roi” est un roman historique qui se déroule au moment du siège de Dole par l’armée de Richelieu, bien décidé à annexer la Franche Comté au royaume de France. Les Comtois, de leur côté, étaient désireux de demeurer attachés au royaume d’Espagne auquel ils appartenaient depuis plus de cent cinquante ans, et résistaient à la volonté du Cardinal en refusant tout compromis. Dole se voit donc assiégée pour faire plier cette résistance.
Jean Valbert à qui nous devions déjà « Grand jeu”, « Les Compagnons de la Loue” et « Matricule 512”, prend un plaisir évident à faire découvrir sa Province, à travers son passé historique, sa géographie, ses forêts, ses villages et ses rivières.
L’aventure est somme toute assez banale et aurait pu faire l’objet d’un récit de grand jeu ou d’une exploration de patrouille. Elle est surtout prétexte à mieux faire ressentir au lecteur la beauté sauvage de ce beau pays et à rappeler un fait d’arme crucial de son histoire.
On y retrouve les décors chers à Jean-Louis Foncine dont Jean Valbert était l’ami, les rivières sauvages décrites dans Les Compagnons de la Loue et même une partie de pêche à la main digne du Poucet de la Bande de Ayacks ainsi qu’un chef de bande (résistant au Roi) ancêtre de Gali et la verve de l’auteur qui tout en en respectant le langage de l’époque, le met à la portée du jeune lecteur en le teintant de modernisme.
Les nobles sentiments sont de rigueur qui font se pardonner à deux ennemis jurés pour devenir des amis véritables tout en conservant leur fidélité à leur clan et à leur idéal.
Dôle ne céda pas et le Prince de Condé qui dirigeait le siège dut, bon gré, mal gré, faire replier ses troupes laissant pour le compte plus de 5000 morts pour 90 jours de siège.
L’histoire nous apprend que les enfants et adolescents jouèrent un rôle important dans la victoire des assiégés.
Jean Valbert a donc imaginé que deux adolescents, l’un noble français emprisonné dans la ville où il faisait ses études, l’autre fils de grand bourgeois Comtois se retrouvent pour accomplir une mission dangereuse accompagnés d’un jeune orphelin et d’un chien . Mission les conduisant à travers les lignes françaises qu’ils mèneront à bien après quelques péripéties.
Un récit vivant et enlevé, parfois drôle, qu’a illustré Pierre Joubert avec son brio habituel et qui réussit aisément à nous transporter à l‘époque de la Renaissance..
Jean Valbert ( abbé Jacques Charrière) ami de Serge Dalens et de Jean-Louis Foncine fut le conseiller religieux de la collection et participa à la création de l’association des Amis de Signe de Piste. Il n’écrivit que ces quatre romans qui rencontrèrent un vif succès auprès des lecteurs. Ils demeurent parmi les classiques du Signe de Piste des années 50/70 et se déroulent tous dans ce Pays Perdu qu’il aimait tant et narrent des histoires d’amitié et de rivalité entre jeunes. Un peu de scoutisme aussi d’autant que l’auteur fut aumônier de la Province Comtoise durant 20 ans après avoir dirigé un maquis pendant la guerre.
Ses romans, toujours teintés d’un esprit chevaleresque, nous font comprendre combien il était viscéralement attaché à sa terre dont, en grand amateur de pêche, il avait écumé tous les ruisseaux.
Echec au Roi est un des meilleurs romans historiques de la collection.

Analyse de M. Bonvalet – 2012