Guy BERGERE
Auteur – Roman Jeunesse – Collection Signe de Piste
Etat Civil :
Né le 2 février 1950 à Herblay (Val d’Oise)
Biographie
Ma petite enfance a été marquée par la crise du logement qui sévissait dans les années d’après guerre. Longtemps, nous avons habité une sorte de cabanon qui n’était qu’un abri jardin amélioré. Ce n’est qu’en 1958 qu’on a attribué à ma famille un appartement HLM, dont l’équipement sanitaire était un progrès indéniable après l’unique point d’eau froide de la cuisine que nous avions connu jusqu’alors.
De père protestant et de mère catholique, j’ai reçu mon instruction religieuse au temple de Saint-Denis, en région parisienne. Quand une troupe d’éclaireurs s’est créée dans ma paroisse, j’étais à onze ans et demi un garçon plutôt timoré et malabile de ses dix doigts. Mon père, qui avait pratiqué le scoutisme dans sa jeunesse et en gardait un excellent souvenir, m’incita à, au moins, y aller voir. Le jeudi, avec hésitation, j’ai pénétré dans la petite cour où se tenait la première réunion. Mais les paroles du chef m’ont aussitôt accroché : camper, faire sa cuisine sur feu de bois, randonner en pleine nature, pour le citadin que j’étais c’était nouveau ! C’était même plus : c’était l’aventure, c’était la vraie vie ! Surtout, on me prônait là un état d’esprit auquel j’adhérais sans hésitation : se respecter, s’entraider, voilà qui s’opposait radicalement aux sarcasmes et aux mesquineries du milieu scolaire.
J’ai donc participé avec ardeur aux activités de la troupe, je crois bien d’ailleurs n’avoir jamais manqué la moindre réunion. Pour autant, ce n’était pas forcément toujours drôle : si, au nom de l’esprit scout, on pardonnait souvent les maladresses du « bizuth » que j’étais, on me les faisait tout de même remarquer et mon inexpérience me condamnait souvent à rester à l’écart des tâches intéressantes.
Au mois de juin 1962, j’ai prononcé ma promesse. Convaincu depuis longtemps de la justesse des engagements qu’elle impliquait, adhérant depuis le premier jour à l’idéal scout, elle avait pourtant traîné… en raison de ma timidité excessive : je n’osais pas en parler au chef.
Pour mon premier camp d’été, nos responsables avaient fait fort : un mois en Norvège ! En construisant des tentes surélevées pour nous protéger des vaches qui vagabondaient dans le bois et auraient pu parfairement se prendre les pattes dans les tendeurs. Je me souviens aussi de l’« opé », sur le thème de la guerre du feu (déjà !). Il nous avait fallu traverser un marécage puis, à la nage, un bras d’eau, pour aller chercher des braises dans une île. C’était géant, même si nous nous étions fait avoir par nos adversaires au retour : ils avaient profité de notre retraversée difficile du marais pour nous attaquer et nous faucher le feu ! J’ai toujours conservé la photo de ce camp sur laquelle je figure, à gauche, et que j’ai découpée dans le journal paroissial.
Pour un gamin de douze ans, c’était un camp difficile : les budgets étaient serrés, la nourriture parcimonieuse, le temps souvent maussade, la durée du séjour exceptionnelle, les tâches répétitives et fatigantes. Mais j’étais épris de notre vie aventureuse, de notre idéal chevaleresque. Et tout doucement, je devenais moins malhabile, je commençais à me débrouiller, à m’intégrer à ma patrouille des bisons.
Au fil des années et des camps, mon engouement pour le scoutisme ne s’est jamais démenti. J’ai acquis de l’expérience et de la technique, puis on m’a confié des responsabilités : SP en 1964, CP en 1965.
Peu après avoir quitté la troupe, j’ai fait au lycée la connaissance de Patrick : lui était encore Scout de France et nous raconter nos camps nous avait rapprochés. Un an plus tard sa troupe, encore unitaire, était sur le point de se séparer en rangers et pionniers. Pour encadrer les pionniers, à qui l’on promettait des activités grandioses, on avait des volontaires. Mais pour s’occuper des plus jeunes, Patrick était seul : il m’a demandé si je voulais bien l’aider. J’en étais ravi. J’ai fait ainsi la connaissance du scoutisme catholique, rencontre parfaitement conforme à mes convictions sur le dialogue œcuménique.
Cette séparation en tranches d’âges de la troupe 1ère Ablon s’est pratiquée curieusement… au cours du camp d’été, dans les Pyrénées. C’était en… 1968 : pendant les grèves, plutôt que risquer recevoir des coups de matraque en nous rendant au lycée, nous avions soigneusement préparé notre camp. À l’époque, je n’avais pas vraiment d’opinion sur ces nouvelles pédagogies du mouvement, je pressentais juste que l’état d’esprit s’en trouverait probablement changé. Plus tard, j’ai compris que nous avions perdu là l’une des valeurs de la méthode de Baden-Powell : l’enseignement des plus jeunes par les plus expérimentés, beaucoup plus efficace pour les novices et responsabilisant pour leurs aînés que le même enseignement délivré par des adultes.
Après trois années à m’occuper des rangers avec mon ami Patrick, j’ai été sollicité pour aider à l’encadrement d’une troupe débutante, celle des éclaireurs unionistes du Kremlin-Bicêtre, ma nouvelle paroisse après le déménagement de ma famille à Villejuif. Pendant un temps, je me suis partagé entre les deux : c’était un peu fou, mais je ne voulais abandonner ni les uns, ni les autres. Quand j’ai trouvé mon premier emploi, ce n’était plus possible : les rangers d’Ablon disposaient maintenant d’une maîtrise étoffée, je me suis consacré aux éclaireurs du Kremlin-Bicêtre. Nous nous sommes associés à la troupe de Vincennes pour un camp d’été dans le massif de la Vanoise. Nous voulions y photographier des animaux, mais n’étions pas suffisamment discrets pour les surprendre. Pourtant, développer et tirer nos clichés nous-mêmes, en faisant le noir sous tente, à deux mille deux cents mètres d’altitude où les bains photographiques refroidissent très vite, c’était un challenge et nous l’avons mené à bien.
Ensuite je suis parti en coopération, enseigner à Dakar au lycée Blaise Diagne. Dès qu’il a su mon passé scout, le pasteur de Dakar m’a parlé de la troupe qui se montait au centre Liberté, une maison d’animation dépendant de la paroisse dans un quartier populaire. Pendant deux ans, j’ai donc aidé les responsables de cette unité.
Rentré en France, mes parents avaient changé de région et je devais retrouver du travail. Je n’ai pas repris d’activité scoute. L’enseignement m’avait bien plu, j’y voyais un moyen de consacrer ma vie professionnelle au service des jeunes, mais je n’étais alors que peu diplômé : issu d’une famille pauvre, j’avais dû assez tôt chercher à ne plus être à charge. J’ai donc passé des concours, j’ai repris des études tout en travaillant.
Je suis d’abord devenu technicien de laboratoire des établissements scolaires : j’avais un pied dans la place. C’est ainsi que je suis arrivé à Lille, au lycée Faidherbe. Trois ans plus tard, j’ai été reçu comme professeur de lycée professionnel en mathématiques et sciences physiques, métier que j’ai exercé à Loos jusqu’à ma retraite.
En vieillissant j’ai ressenti le besoin d’écrire : le monde change, il change même très vite, notre façon de vivre évolue constamment, au point qu’il m’a semblé dommage de ne pas laisser de trace de ce qui a été, de ce qui nous a mis en joie, nous a fait vibrer, chanter, sourire… ou nous a fait souffrir. Le décès de ma mère m’a convaincu de rédiger sa biographie, que j’ai polycopiée à mes proches.
J’ai eu alors envie de continuer à raconter ce qui me motivait. Bien sûr, beaucoup d’autres ont témoigné du passé ou du présent… mais ils n’ont pas tout dit, ou ils ne l’ont pas perçu selon l’optique qui est la mienne. Souvent je suis déçu par ce que je trouve en librairie, dans la presse ou au cinéma. Une majorité d’œuvres décrit une façon de vivre aux antipodes de ce à quoi j’aspire, de la liberté et de l’amour du prochain qui sont au cœur de mon idéal. On a trop souvent l’impression que la paresse et les distractions faciles sont le seul but dans la vie de nombre de gens.
En revanche, j’ai toujours été agréablement surpris par la qualité et l’ambitions des ouvrages de la collection Signe de Piste qui, depuis des décennies, s’est efforcée de représenter en librairie l’idéal du scoutisme. Je suis enchanté qu’elle reprenne un nouveau départ et me sens très honoré qu’elle m’accueille comme auteur.
Mes goûts :
— la haute montagne (j’ai gravi le Kilimanjaro, l’Ararat, le Mont Blanc, le Fuji et quelques autres),
— le camping sauvage,
— la programmation informatique (j’ai soutenu une thèse dans ce domaine en 1999),
— les sciences physiques (en particulier l’électricité et l’électronique),
— l’histoire (en particulier celle de l’antiquité et l’histoire biblique),
— la science-fiction (la bonne, celle du roman « Mission ADN » et du film « Avatar », pas celle des monstres assoiffés de sang),
— il m’arrive aussi d’écrire des poèmes, dont celui-ci qui me semble de circonstance :
Lorsque j’avais douze ans, j’étais très maladroit,
À l’école les autres se moquaient de moi.
Mais chez les éclaireurs j’ai rencontré des frères
Qui m’ont admis chez eux sans railler ma misère.
Grâce à leur amitié j’ai pu rire et jouer,
Apprendre à être habile en aimant travailler,
Parfois se disputer mais toujours sans rancune
Et se réconcilier en chantant sous la lune.
Avec eux j’ai compris ce qu’était l’aventure,
Agissant tous ensemble au sein de la nature,
Forgeant les hommes forts que nous serions demain.
Les années ont passé mais je garde présent
Le souvenir des camps et le plus important :
L’idéal de service et d’amour du prochain.
Bibliographie
SANS LES GRANDS, roman Signe de Piste