Durant la Cristiada
au Mexique, de nombreux hommes, femmes et enfants sont morts pour continuer à
pratiquer la religion catholique. Ces mexicains n’ont jamais cessé de croire,
n’ont jamais renié le Christ pendant cette période difficile.
C’est l’exemple de José, un jeune garçon de 14 ans mort
en martyr qui oriente l’intrigue du roman de Larochette-Prost. Sans aucune
arme, (mais soutenant les cristeros
en tant que messager, ou aide pendant des combats), c’est pourtant lui dans
toute son innocence qui a été torturé et tué, refusant de renier sa foi.
Dans le récit de Larochette-Prost, c’est Miguel que l’on
suit, un jeune environ du même âge que ce José, renvoyé de son établissement
scolaire car sa famille est en lien avec les cristeros. Indifférent d’abord à la guerre civile qui fait rage, il
les rejoint cependant et décide de combattre à leur côté. En tant que messager,
mais aussi, il le faudra les armes à la main. Miguel ne désire pas tuer et prie
pour ne pas avoir à le faire (il s’attache essentiellement à la destruction du
matériel des fédéraux), mais cela n’en reste pas moins choquant de voir des
jeunes armés. La loi de la guerre est
telle : "si ce n'est pas toi qui tire, c’est l’autre”.
Les enfants, les jeunes sont parachutés dans ce récit
dans un monde que l’on pourrait définir par usage "d’adultes”. Ils n’ont pas
l’innocence que l’on attribue généralement à la jeunesse –parfois seulement ils
peuvent encore jouer- et doivent être sérieux et graves car ce sont leurs vies,
et celles des autres catholiques qui sont en jeu. Ils possèdent le même
courage, se mobilisent tout autant que les adultes bien que leurs rôles soient
d’abord des rôles de messagers (donc pas en premières lignes). Ce sont leurs
capacités d’enfants qui sont exploités pour servir la cause.
On touche ici du doigt le problème des enfants
combattants. Les civils sont inévitablement touchés lors d'un conflit armé. Une
des solutions est de prendre les armes pour se défendre, femmes et enfants
compris. Certaines armées et groupes embrigadent même des jeunes et les forment
rapidement au combat. Les enfants sont parfois en première ligne. Même s'ils
souhaitent combattre, ils sont victimes du conflit qui survient autour deux.
Comment protéger les enfants qui vivent au sein de zones de conflits
armés? Comment empêcher d'en faire les victimes de choses qui les
dépassent? Et surtout cela est-il réalisable? On sait que des
actions menées par certaines associations travaillent sur le droit des enfants
et l'engagement de ces personnes aide aussi à militer contre ces types
d'embrigadements.
Même sans armes, la question est à se reposer
aujourd'hui: contrairement à Miguel et la bande de jeunes cristeros,
est-il acceptable que des enfants soient utilisés de quelconque façon dans un
conflit armé? Agiles, sportifs, efficaces, ils permettent habilement de
servir les renseignements; mais même à cette échelle, le danger est bien
grand...
La seconde grande question qui survient est une question
éthique, celle de la guerre juste. Les cristeros entrent en guerre
contre l'Etat pour se défendre d'abord des interdictions, puis des tortures et
assassinats qu'ils subissent parce qu'ils sont catholiques. En ce sens, on peut
invoquer un cas de «légitime défense», mais ils poussent plus loin
leurs actions miliaires, attaquant à leur tour en premier.
C'est un problème moral qui se pose, celui de savoir à
partir de quand faire la guerre est une action moralement acceptable.
Selon Michael Walzer, un théoricien de la guerre juste,
cette dernière doit être utilisée en dernier recours, avoir comme but de
rétablir la paix et le droit, et ne pas toucher les civils. Sur cette dernière
condition, il est difficile de la considérer comme applicable à tous les cas
quand la guerre concerne une partie des civiles et que des guérillas se
forment, un peu comme les cristeros.
Pour les catholiques, l'acte de guerre est aussi
problématique en cela qu'il va à l'encontre du commandement «Tu ne tueras
point». L'Eglise catholique s'est d'ailleurs dans les dernières années
positionnée sur le sujet. Si un acte de guerre est tout à fait condamnable, on
peut le considérer comme «juste» quand le dommage causé par
l'agresseur est durable, quand des moyens non-violents n'ont pas été efficaces
(négociations), quand il est certain que les opérations menées seront sûrement
un succès et enfin quand l'emploi des armes n'entraîne pas de désordres plus
graves que le mal à éliminer.
On peut alors accepter que la guerre doit avoir un sens
pour les cristeros qui se défendent, mais la question de tuer ou non est
posée à travers tout le roman par Miguel, qui, malgré les attaques subies ne
peut se résoudre à tuer un homme, même ennemi. Il préfère attaquer matériels et
armes, oeuvrant pour une forme de guerre moins directe et en un sens moins
violente en essayant de ne pas attenter à la vie.
Malgré une justification des actes militaires des cristeros
dans ce récit, le dilemme est cependant constant, et c'est une question de tous
les instants à se reposer dans ces graves situations.
Durant la
Cristiada
au Mexique, de nombreux hommes, femmes et enfants sont morts pour continuer à
pratiquer la religion catholique. Ces mexicains n’ont jamais cessé de croire,
n’ont jamais renié le Christ pendant cette période difficile.
C’est l’exemple de José, un jeune garçon de 14 ans mort
en martyr qui oriente l’intrigue du roman de Larochette-Prost. Sans aucune
arme, (mais soutenant les cristeros
en tant que messager, ou aide pendant des combats), c’est pourtant lui dans
toute son innocence qui a été torturé et tué, refusant de renier sa foi.
Dans le récit de Larochette-Prost, c’est Miguel que l’on
suit, un jeune environ du même âge que ce José, renvoyé de son établissement
scolaire car sa famille est en lien avec les cristeros. Indifférent d’abord à la guerre civile qui fait rage, il
les rejoint cependant et décide de combattre à leur côté. En tant que messager,
mais parfois aussi (il le faudra), les armes à la main. Miguel ne désire pas
tuer et prie pour ne pas avoir à le faire. Pour cela, il s'attache surtout à
concentrer sa stratégie sur la destruction de matériel, très coûteuse pour les
fédéraux. Une stratégie d'ailleurs efficace et intelligente car elle causera
beaucoup de dégâts lors de missions, de bataille et servira bien leur défense.
Les jeunes n’ont alors pas tout à fait la légèreté que
l'on pourrait généralement leur attribuer. Souvent, ils doivent être graves ou
sérieux. Parfois pourtant, Miguel et ses compagnons se prennent à jouer et
rire, et l'atmosphère est moins lourde: ils restent des enfants dans
toute leur innocence et leur courage.
Malgré le danger, Miguel et les jeunes cristeros
sont sportifs, agiles et efficaces, se révélant d'une grande aide dans le
soutien des adultes, notamment par les services de renseignement.
Dieu reste au centre du récit, c'est aussi pour cela que
Miguel prie pour ne pas avoir à tuer un homme. C'est Dieu qui va leur permettre
de tenir contre l'adversité en leur insufflant cette grande force.
Réellement courageux, les jeunes de ce récit sont
étonnants par leur capacité à se mettre au même niveau que les adultes,
brillant par leur foi sincère et malgré la gravité qui se dégage d'eux,
brillant d'une certaine innocence et beauté de la jeunesse.